Je ne pensais pas faire un post un jour sur un forum mais je voulais partager mon expérience de PMA seule à l’étranger parce que j’ai vécu des coups de stress, des incompréhensions, des déceptions et que si quelqu’un m’avait expliqué simplement mais clairement comment ça peut se passer, ça m’aurait aidée. Désolée, ce post va être long et en +, je suis sûre que je vais oublier des trucs
(Info techniques : j’habite en région parisienne à 20 min d’Orly, je travaille en freelance et ma gynéco était chaude)
Après avoir déconstruit mon idée de comment on fait les bébés, j’ai décidé de faire un bébé seule - parce que je n'ai plus le temps -grâce à une clinique au Portugal (car levée de l’anonymat du donneur possible aux 18 ans de l’enfant à sa demande)
J’étais confiante car je n’avais pas conscience de ce qui allait se passer par la suite. Je partais du fait que j’étais tombée enceinte (ok 10 ans + tôt) par « accident » le 1er mois d’une relation, parce que ma grand-mère a accouché de mon oncle à 44 ans et surtout que mes examens préalables étaient super bons pour une femme de 41 ans alors pour moi aucune raison que ça ne marche pas
Essai 1 : Je ne sais pas si le médecin m’a décrit les possibilités aussi clairement que je les comprends maintenant ou si j’ai mal compris mais ce que je sais, c’est que je n’étais pas prête à passer à la FIV de suite et, mes examens étant bons, dans ma tête, mon seul problème était que je n’avais pas d’amoureux et/ou de sperme à disposition (et que choper dans un bar ou sur Tinder le bon soir, c’est quand même ambitieux). Alors je suis allée la 1ère fois à Lisbonne pensant qu’il ne suffirait que de cette fois
Point orga IVI Lisbonne : par Transavia, on descend par l’avant et l’arrière de l’appareil puis bus jusqu’au terminal / par la TAP, on arrive directement au terminal principal (donc si en speed niveau horaire, essayer d’avoir un siège à l’avant), la clinique est à 4 stations de métro de l’aéroport, on y est en grand max 20 min
Point orga quelle que soit la clinique : pas la peine d’y aller la veille comme je l’ai fait cette fois-ci: une IA dure 5 min chrono (accessoirement, c’est tombé le we du 14/07, en pleine grève, j’ai adoré mes 700€ d’avion en + de mes frais d’hôtel)
Conseil : Avoir une super gynéco qui retranscrit les ordonnances pour être remboursée au moins des médocs et examens (ou même qui m'a prise en consult lors de sa garde à l'hôpital parce que finalement entre 2 accouchements, elle est dispo pour ses patientes) + un super pharmacien qui avance les médocs alors qu’on n’a pas encore l’ordonnance (en période de vacances, avoir un pharmacien bis)
Conseil : Ne pas en parler au boulot. On peut avoir des contraintes prévues de longues date mais dont la date peut varier. Parce que y a rien de pire que ton patron/client te demande si ça a marché ou si tu as eu tes règles ...
Essai 2: Je m’étais dit que j’essayais une 2ème IAD et qu’après je passerai à la FIV. Malgré que je viens de dire que rien ne sert de dormir sur place, on était au mois d’août, je suis freelance, je n’avais pas pris de vacances entre mes 2 clients, il y a la plage à Lisbonne, j’y suis allée 2 nuits pour profiter un peu
Essai 3 : j’avais dit que je passais à la FIV si les 2 IAD ne fonctionnaient pas mais le docteur m’a dit qu’il conseillait de faire 3 IAD avant de passer à la FIV. J’ai fait l’A/R dans la journée (et ça passe inaperçu niveau boulot)
Conseil : s'écouter. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cette 3ème IAD, globalement à 41 ans, l’efficace c’est la FIV. Rétrospectivement, j’ai perdu des mois (rapport à ce qui va se passer par la suite) et à 41 ans, on n’a pas un temps illimité
Essai arrêté 1: Ayé, je passe à la FIV ! (c’était pas une joie en vrai). Hé bah loupé : les échographies faites par différents médecins n’étant pas cohérentes, je n’ai pas pris le risque de dépenser le vol, l’hôtel, le prix de la ponction pour peu de follicules
Conseil : Trouver un échographiste qui a des outils assez modernes c’est-à-dire où la définition est assez lisible (l’idéal, c’est la 3D mais c’est pas obligé) et qui calcule la taille des follicules correctement c’est-à-dire qui calcule la moyenne de la taille (un follicule, c’est un ovale donc il ne doit pas calculer la + grande longueur mais il doit calculer la moyenne entre la + grande longueur et la + petite) et aller chez le même pour avoir une continuité
Essai pas démarré 1: Après cet essai arrêté, écho de contrôle pour savoir si tout va bien pour recommencer et là, découverte d’un follicule kystique donc qui empêche la production de follicules sur l’ovaire concerné. On évite de diviser les chances par 2 donc l’idée c’est d’attendre que le follicule disparaisse…un peu aidée par des bidouilles de pilule pour provoquer des saignements tous les 2 semaines et éviter d’attendre un cycle mensuel complet. Là, après avoir toujours été réglée comme du papier à musique, sans douleur etc, j’ai eu vraiment l’impression d’être un corps qu’on n’écoute plus, d’être une vache de compet ou un cobaye et d’avoir perdu la connexion avec mon corps qui me parlait jusqu’à maintenant
Conseil : Se faire accompagner par un psy si on se sent fatiguée (soit de la clinique soit sa psy habituelle) parce que scoop ! les hormones agissent sur l’humeur et la gestion des émotions
Essai 4: Le médecin m’a demandé de venir faire le monitorage folliculaire depuis Lisbonne (à partir de J7). On est en février, il n’y aura pas de plage cette fois…J’y suis allée en faisant le choix de repartir entre la ponction et le transfert éventuel. 2 ovocytes ponctionnés, 2 embryons fécondés, il y avait de fortes proba qu’il n’y ait pas de transfert (mais il y a eu transfert)
Point orga avion : Transavia fait des billets flex pour 10€ par trajet modifiable jusqu’à 2h avant le décollage (tant qu’on ne s’est pas enregistrée) alors que chez la TAP, c’est modifiable jusque 7 jours avant (donc pas utile dans cette orga improbable)
Point orga Orly : si on ne veut pas payer le parking à Orly et que personne ne peut vous accompagner, se garer à Porte de l’Essonne et prendre le Tram (1 arrêt), ça évite un coût supplémentaire parce que à ce stade, on peut se sentir d’être une tirelire sur pattes
Conseil : Finalement, en parler même aux amis n'est pas forcément une bonne idée. Les amis intelligents percutent lors des soirées selon que tu bois de l'alcool ou du Coca et les cons seront plein de sollicitude qui saoule car elle se manifeste toujours à un moment où tu veux juste penser à autre chose ou quand tu es trop triste (ça part d'un bon sentiment mais à un moment, les échecs sont durs à annoncer). Et puis merde! Est-ce que quand un couple essaie dans son lit, quelqu'un demande à la nana si elle a ses règles ce mois-ci?! Bah non
Essai 5: Toujours monitorage folliculaire à Lisbonne, toujours hôtel, de + en + fatiguée mais toujours motivée (on pense à la mamie avec sa grossesse naturelle tardive et à toutes les copines ou copines de copines qui tombent enceintes après 40 ans même si nous, on atteint les 42 ans et que c’est pas l’anniversaire le + joyeux de ma vie). Même orga que précédemment sauf que je n’ai pas pris de vol Flex vu que j’avais obtenu 5 embryons fécondés. A/R dans la journée pour le transfert, arrivée à Lisbonne vers 13h et vol retour vers 16h. Et là, c’est le drame ! Bourrée d’hormones, le capitaine est malade et le vol est retardé (ou annulé ?) Coup de pression à l’hôtesse au sol pour avoir des infos fiables, j’étais prête à acheter un billet pour le vol de la TAP qui décollait 1h + tard si ce n’était pas possible avec le vol Transavia. Merci à la passagère qui a entendu la conversation, a compris les larmes et m’a accompagnée émotionnellement tout le long du vol
Scoop1 : Le blasto peut être transféré à J6 ou être congelé et transféré le mois suivant en cas de problème logistique
Scoop2 : pas de stress, l’essentiel, c’est d’arriver à Lisbonne, peu importe si vous loupez votre vol retour
Scoop 3 : les cliniques ont l’habitude des retards (moi non mais bon), et personne ne vous engueulera si ça arrive
Conseil !!!!! Manger très peu en quantité avant la ponction ! J’ai tellement souffert à la 1ère ponction (j’avais mangé léger mais en quantité. Sauf que l’on s’en fiche que ce soit gras ou léger, c’est le volume le problème. Une amie m’avait conseillé de manger peu, j’avais mal compris. Suite au précédent essai, j’ai mangé bon mais peu et là, c’est passé facile)
Conseil : si possible, se mettre en télétravail le jour du test sanguin, ça évite de se cacher pour pleurer aux toilettes du bureau
Essai 6: En fait, après 2 années de travail intensif (car en freelance, faut oublier le congé maternité donc il faut travailler beaucoup pour mettre de côté mais chien qui se mord la queue, fatiguée, ça marche moins bien), j’avais demandé au médecin de profiter de mon été et de faire un essai fin août, début septembre mais il m’a bien fait comprendre que 2 mois, ça jouait à mon âge.
Donc retour de la plage à Lisbonne. Même orga.
Je suis revenue à Paris pour prendre ma voiture et partir en vacances en Corse. Là, l’échec a été compliqué …. pleurs dans la cabine de prélèvement sanguin (car mon corps me donnait le résultat), pleurs pendant l’appel d’1h avec la psy de clinique alors que j’étais dans le paradis que sont les gorges de Spelonca,... pleurs, pleurs, pleurs et décision que le prochain essai serait le dernier
Conseil : que ce soit en vacances ou en déplacement professionnel, checker où sont les laboratoires, y en a moins dans certaines régions
Conseil : anticiper les commandes de médocs à la pharmacie à cause de ruptures. Fort heureusement, j’avais conservé tous mes surplus même si on changeait d’hormones à chaque fois, au cas où et ça m’a bien aidé en période de vacances
Conseil : encore une fois, s’écouter : lors des 2 FIV précédentes, j’ai eu un gros coup dur 2-3 jours après l’arrêt de la progestérone. Mon nouveau médecin traitant m’a dit que c’était dans ma tête (c’est vrai, j’étais fatiguée) mais là rebelote : nausée, vertige, vomissement, etc. Mon corps est hyper réceptif aux hormones et non, tout n’est pas du psychologique dans un parcours PMA
Essai arrêté 2: Fatiguée de vivre la moitié du temps à Lisbonne, j’ai décidé de faire le début du monitorage à Paris (écho de début de cycle et écho à J7). 1ère écho, tout va bien, on recommence les piqûres. Echo J7 : follicule kystique sur un des ovaires, 4 follicules sur l’autre. Mon médecin est en vacances, la médecin qui le remplace me dit de refaire une écho demain, je décline et je décide d’annuler la tentative. C’était mon dernier essai, voilà pourquoi j’ai décidé de choisir un essai optimisé
Conseil : réfléchir chaque essai comme si c’était le dernier et annuler quand on sait que c’est voué à l’échec (pas facile avec l’espoir et les hormones et d’autant qu’à 42 ans, on sait que le temps joue en notre défaveur)
Essai 7 : Saoulée de cet échographiste qui n’a pas vu le follicule kystique (et d’autres raisons) ce qui m’aurait évité de commencer une stimulation ovarienne, je décide de trouver un autre échographiste pour J2 du cycle et monitorage J7. En déplacement professionnel, je retrouve le concept de faire une prise de sang en province mais pas d’échographiste disponible sur Doctolib. Mon corps n’étant plus réglé avec toutes ces hormones absorbées, je fais le pari que mes règles arriveront à une certaine date et je prends RDV à Paris. Et je trouve une dispo sur Doctolib à la clinique juste à côté de chez moi (enfin je ne cours pas toute l’IDF !). La nana est super douce, elle ne fait pas la visite de tous les recoins de mon utérus, ses images sont top, ses calculs très bien (cf Essai arrêté 1) et là je décide de faire tout le monitorage chez moi. L’écho suivante sera avec la même personne, la suivante non et là, calcul incohérent. Le médecin du Portugal décide de faire confiance à l’écho d’avant et je ne viens que la veille au soir pour la ponction du matin.
Point orga : en vrai, même si Doctolib n’annonce pas de dispo, j’ai découvert qu’en parlant à des vraies secrétaires médicales, elles trouvent toujours des créneaux écho pour les PMA
Conseil : en + d’avoir un super médecin et un super pharmacien, avoir une super infirmière car j’avais oublié que le Décapeptyl nécessite des seringues (d’habitude, c’est la clinique qui me les donnait)
Essai 8: ça fait déjà 2 fois que je dis que c’est le dernier essai, mais l’essai précédent n’a pas donné de blastocytes transférables. Alors oui, ce sera vraiment le dernier.
Il y a 3 issues possibles : pas de blasto, la 2ème fois d’affilée…, 1 blasto qui ne s’implante pas et ce sera le dernier test de grossesse négatif que je supporterai ou un miracle avec un blasto qui s’implante et qui ne finit pas en fausse-couche.
Je viens de faire l’écho à J7 (j’ai encore changé d’échographiste pour ne pas retomber sur celui qui ne sait pas calculer dans la clinique à côté), c’est pas foufou ce qu’on y a vu mais je ne vais pas annuler mon voyage à Lisbonne. Et je ne vais pas devoir annuler la réunion que j’ai organisée il y a 1 mois avec 12 personnes car la ponction n’aura pas lieu le jour que j’avais compté, voyons le positif
J’en suis au point que je veux fermer la porte, laisser une dernière chance à un embryon de s’implanter mais j’ai décidé de baisser les armes. Trop de sacrifices, trop de mal à mon corps, à mon âme, trop d’argent dépensé (j’ai conscience que j’ai les moyens que beaucoup n’ont pas et certaines n’ont qu’un seul essai possible). J’ai toujours dit que si j’arrivais à un âge où avoir un bébé n’était plus possible, il fallait s’inquiéter de mon envie de continuer de vivre. Je commence à entrevoir que ne pas avoir d’enfant sera un grand trou béant dans ma vie mais qu’il est possible de trouver le bonheur sans enfant, il faudra à nouveau me reconstruire.
Alors, là, à la veille de prendre une énième fois un avion pour Lisbonne, je laisse la possibilité à un miracle de se produire (et promis, je plante une forêt pour compenser le bilan carbone de sa conception) mais
Conseil : Lâcher prise, la vie est remplie d’imprévus mais peut être belle même si ça oblige à passer par des trucs pas drôles
grâce à un don de sperme
