voilà, nous y sommes. C'est après 3 ans de PMA et 4 FIV ICSI que l'annonce m'a été faite hier. Je ne peux pas dire que je ne m'y attendais pas, bien sûr. Ma 4e FIV vient de s'achever, le 27 décembre dernier (les plus belles fêtes de ma vie... ironie bien sûr...), par un

Encore un...
Je ne peux pas non plus dire que je ne me suis pas habituée à ces fichus résultats de labo avec ce fameux chiffre : <2.
Mais celui-ci, non, je n'y arrive pas. D'ailleurs, je n'y crois toujours pas vraiment. C'est juste impossible. Je ne peux pas faire partie du groupe des malchanceuses qui après un combat acharné, après un parcours du combattant entre rires et larmes (ou plutôt larmes et rires), espoir et désespoir, montagnes russes émotionnelles, crises d'hystérie et j'en passe... se retrouvent à devoir faire le deuil de leurs ovocytes (et oui, encore un deuil, à peine celui du bébé couette accepté, il faut maintenant faire le deuil du bébé FIV avec mes gamètes).
Comment ne pas en vouloir à mon corps de ne pas, sur 16 follicules, être fichu de me fournir suffisamment d'ovocytes fécondables pour avoir un embryon de bonne qualité ?! 16 follicules... et pourtant tout est fini pour moi !! Mon cas était pourtant sensé être simple et vite réglé. Mais non, visiblement, des esprits supérieurs ont décidé que je n'avais pas assez montré de force et de ténacité et que je devais encore me battre un peu plus fort pour parvenir à une chose pourtant si simple et si naturelle pour tant de couples depuis la nuit des temps : fonder une famille avec l'homme que j'aime ! Est-ce trop demander ? De l'amour, j'en ai pourtant tellement à distribuer ! Mais visiblement, oui, c'est trop demander !
Bref, me voilà donc là, aujourd'hui, après cette annonce. Faite hier. Par mon médecin que j'adore tant. D'habitude si rassurant et optimiste. Mais aujourd'hui, son optimisme l'a quitté. Une dérogation pour une FIV 5 ? Il ne serait pas contre. Mais pourquoi m'infliger encore tout ca, avec à la clé, sans doute, une nouvelle déception. Je suis déjà au fond du gouffre. Mais il m'est arrivé à plusieurs reprise de découvrir que le gouffre a toujours un fond plus profond que celui dans lequel je me trouve... Alors il s'est donné pour mission de me préparer à la suite. 1 heure à m'écouter pleurer, à entendre mon désespoir, mes cris, mes larmes, mes supplications. 1 heure à m'expliquer ce qu'est le don d'ovocytes. 1 heure à me dire qu'il sera toujours là pour m'accompagner et me soutenir quand j'en aurai besoin. 1 heure pendant laquelle j'ai refusé d'entendre ce que lui avait à me dire. Et pourtant, au fond de moi, je m'y attendais. Et pourtant, au fond de moi, je sais qu'il a raison.
Donc aujourd'hui, je suis à J1. J1 d'une nouvelle vie, encore. J1 d'une nouvelle aventure, encore. J1. Avec des questions plein la tête.
Suis-je prête pour le don ? Est-ce vraiment ce que je veux ? Moi qui, avant de me trouver devant le fait accompli, disais avec tant d'entêtement que le don, non merci ! Si ca ne doit pas marcher, pourquoi m'infliger encore tout ca ?! Les traitements sont moins lourds, certes. Mais un jour, il faudra que je pense à mon corps, enfin. Et puis je sais ce que représente une stimulation. Comment demander à mes amies, à mon entourage de s'infliger ces traitements pour me faire passer en tête de liste ? Suis-je en droit de le faire ? Et puis, après avoir eu un suivi personnalisé et bienveillant, serai-je capable de devenir un numéro dans ce nouveau centre ? Car certaines de mes amies, celles qui étaient parrainées, ont été bien recues. Elles venaient accompagnées d'une donneuse et ont donc trouvé de la bienveillance de la part des médecins. Mais celles qui n'étaient pas parrainées n'ont entendu que reproches. Des reproches ? Après tout ce parcours qu'elles ont déjà subi ? En est-on encore là ? Reproches parce que les traitements et l'épuisement moral ont ajouté des kilos sur leur balance. Reproches parce que "on n'a déjà pas assez de donneuses, on n'a pas besoin de receveuses supplémentaires". Merci bien !
Partir à l'étranger ? Avec mon mari, nous nous étions jurés de ne pas en arriver là. Et pourtant... Au bout de 5 ans d'une attente interminable et douloureuse. Au bout de 3 ans de PMA. Sommes-nous prêts à attendre, encore, probablement des années, à coup sûr des mois interminables pour un résultat certainement moins bon qu'en s'expatriant.
Voilà. Je suis à J1 de cette nouvelle vie et je suis juste perdue.
J'espère trouver sur cette discussion des femmes qui en sont au même stade que moi de leur réflexion... ou plus avancées.
J'espère échanger sur la manière dont certaines ont parlé du don à leur entourage pour essayer de motiver d'éventuelles donneuses.
J'espère me sentir moins seule. Simplement.