Il y a bientôt 4 ans, j'annonçais avec moultes pincettes à mon chéri que je comptais arrêter la pilule, que je prenais depuis mes... 16 ans! Lassitude, mais aussi et surtout une envie nouvelle de me projeter avec un enfant et une famille à construire, ayant enfin fini d'endurer les galères liées à notre achat de maison qui ne se déroulait pas comme prévu. Au début, monsieur se sentait un peu angoissé, mais n'a pas refusé. Il ne voyait pas ça arriver "tout de suite".
Il aura eu gain de cause. Si j'ai tout arrêté, et bien depuis, rien ne se passe...
Je n'aurais jamais pensé en arriver là, moi qui était si terrifiée lors de mes rares oublis de pilule avec tous ces "accidents" qu'on peut lire et voir partout dans ces cas-là... J'ai donc l'impression d'être d'autant plus "anormale"!
Mes cycles auront remis plus d'un an à revenir à la normale, réglée comme une horloge avec un SPM comme on les aime et qui laisse chaque mois de faux-espoirs (nausées, fringales terribles, seins très lourds, etc.)
Alors que l'on s'y "mettait" enfin, bien évidemment, ma belle-soeur nous annonce sa grossesse.
C'est le début de ma descente aux enfers... J'ai eu le sentiment abominable après la naissance que mes beaux-parents se sont totalement focalisés sur elle et son enfant. Impression qui se confirmait à chaque repas de famille, totalement obnubilés par eux dès qu'ils étaient là, au point parfois de ne pas nous parler.
A ce moment, ils n'étaient encore pas au courant de nos difficultés. J'ai donc souhaité percer l'abcès avec ma belle-mère, espérant qu'elle comprendrait et "compatirait", en évitant des "bourdes" dans leur attitude.
Spoiler : rien n'a changé. Je me sens toujours autant mise de côté et inexistante dès que ma belle-soeur est là avec son fils, qui symboliquement va avoir 4 ans lui aussi, puisque nos essais ont commencé quand tout roulait déjà pour elle.
Je me sens d'autant plus envieuse, jalouse, et j'avoue parfois pleine de haine quand je vois les caisses qu'ils en font et que nous on est là (non, vraiment, dans le genre relation malsaine où il faut que tout se déroule autour du petit, qu'il faut que j'arrête de me comporter comme ça car ce n'est quand même pas de la faute de ma belle-soeur si ça a marché pour elle, que le petit les adule au point de parfois rejeter sa mère, que mon beau-père sait forcément et est forcément mieux pour lui, etc.) On sent ma saturation...

Entre-temps, au travail, c'est la même chose. Mes 3 collègues (équipe uniquement composée de femmes) m'annonce coup sur coup leurs grossesses, qui arrivent quand elles le souhaitent, parfois avec quelques péripéties, mais je ne retiens que le final : chez elles, ça marche. Je me sens pas à ma place, à part, dépitée quand le sujet de conversation principal tourne autour des enfants, des grossesses, des naissances...
Pendant ce temps, on commence nos séries d'examens qui ne confirment rien. Infertilité inexpliquée, bonus. En plus, on a même pas de raison "valable" à tout ça. Comme si c'était pour achever le "il n'y a que les autres qui y arrivent". On réalise enfin notre première IAC en septembre dernier, en se laissant un "dernier été" tranquilles avant d'attaquer. Et là c'est le rush pour moi : je jongle avec ma classe de grands et tout le travail d'instit que cela implique (ça, c'est une autre histoire!), le travail de directrice, et les RDV incessants parfois jusqu'à Dijon (compter 1h20 à 1h30 de route de chez moi), le tout en jonglant et en retournant au travail, etc. Un calvaire pour moi qui court facilement sur tous les fronts pour tout gérer.
J'essaye de ne pas me focaliser sur les "symptômes" induits par la progestérone (affreux ovules qui suintent toute la journée, je déteste ces machins...), essaye de me motiver car le taux de spermato de mon homme est excellent... Mais je n'ai pas le temps de consulter mes résultats de prise de sang envoyés par mail au travail que je vois une notification de mon application WiStim m'indiquant que mon parcours est archivé. Je comprends donc que c'est fichu. Et je m'effondre, au travail, fort heureusement dans mon bureau ce jour-là.
Le temps passe, je "loupe" le cycle suivant car obligée d'attendre que notre dossier repasse en commission à Dijon. Pour un protocole similaire en tout points renvoyé par la poste... 2 jours après mes règles...
Idem pour décembre, mes règles arrivent bien sûr 3 jours après le jour limite imposé pour cause de fermeture du centre à Noël.
Je commence à me dire que je m'impatiente pour rien, que tout joue contre nous.
Je finis, en désespoir de cause, par consulter un magnétiseur réputé et diablement efficace ici, qui m'indique, mort de rire, que nous n'avons effectivement aucun problème. Que c'est moi qui me bloque toute seule car mon homme est très indécis sur sa situation professionnelle (il sature et idéalement aimerait changer de boulot, mais rien ne bouge), que tant que tout ne sera pas "net", ce blocage persistera, mais que dès que ça bougera, ça marchera directement. De quoi me donner encore un coup. Est-ce vraiment utile de m'infliger tout ce cirque si effectivement rien ne déconne?
Psychologiquement, je vois mes 35 ans arriver...
J'ai fini par annoncer partout que rien n'allait à ce niveau, ai eu beaucoup de soutien notamment sur mes réseaux sociaux et énormément de témoignages insoupçonnés.
Mais rien n'a changé, et je me sens de plus en plus "jalouse" et isolée.
Mes collègues pouponnent toutes désormais et je les envie presque de se plaindre de leurs nuits pourries ou de leurs petits malades. La situation dans ma belle-famille m'insupporte au plus haut point, je suis ignoble mais je ne peux même pas m'adresser au gamin qui a été installé au statut de Dieu dans la famille et qui représente mes 4 ans d'échec et d' "inutilité" dans leurs yeux.
J'en viens à me dire qu'au fond, c'est surtout cette position "idéalisée" en tant que maman, et donc enfin valable et importante aux yeux des autres que j'envie, ce "les enfants passent avant tout" que je ne supporte plus vu que moi je n'en suis pas capable.
C'est terrible.
C'est la 1ere année que Noël me lasse déjà à ce point.
Pas envie de devoir admirer les enfants des autres être gâtés, lassée de devoir leur acheter des choses, pas envie d'avoir les photos des amies avec leurs enfants sur le téléphone en guise de "carte de voeux de nous 3, 4" ou plus si affinités, marre que le seul point d'intérêt des deux côtés c'est "d'être en famille, parce que les petits par ci, les petits par-là, les petits veulent vous voir, souriez au petit"... Tout ça me lasse, je ne le supporte plus. Du tout. Et personne ne semble remarquer que j'en souffre à ce point.
J'envisage d'aller consulter une psychologue car je me sens horrible, perdue, seule, incomprise...
Et à la fois punaise, on en est à quoi? Une seule IAC foirée quand d'autres galèrent depuis 5, 6, 7ans et plus? Même si sans aucun souci "valable", rien ne fonctionne pour nous depuis 4 ans.
Je me sens illégitime partout.
Avez-vous des témoignages qui iraient dans ce sens? Et qui me feraient me sentir moins bête et inhumaine?
Merci d'avance d'avoir lu ce pavé, que j'ai enfin pu lâcher quelque part!
