Article du 10 février dans Elle : "René Frydman : « La loi sur la PMA est obsolète »"

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Koala

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Article du 10 février dans Elle : "René Frydman : « La loi sur la PMA est obsolète »"

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René Frydman : « La loi sur la PMA est obsolète »
10 février 2017 - Isabelle Duriez

Le père du premier bébé-éprouvette français publie avec « Le Droit de choisir » (éd. Seuil) et s’insurge contre les incohérences qui entravent la médecine procréative dans notre pays.
ELLE. Pourquoi ce coup de gueule ?

René Frydman. Parce que, face à une loi dépassée, nous sommes devenus des agents de la circulation : des femmes viennent nous voir pour avoir un enfant et nous nous retrouvons à leur dire : « Tentez telle clinique espagnole ou belge », « Dans ce pays, ce qu'ils font est dangereux ». Nous les aiguillons, bien que ce soit interdit. Nous les accompagnons avant et souvent après. Mais il en résulte pour elles du stress, des échecs. Et, pour nous, un ras-le-bol : celui de ne pas pouvoir utiliser des techniques que nous maîtrisons.

ELLE. Le plus gros point noir reste la pénurie de dons d'ovocytes en France. Pourquoi n'y a-t-il pas davantage de donneuses ?

René Frydman. De plus en plus de femmes nous consultent passé 40 ans. Soit après trois ou quatre stimulations ovariennes qui n'ont pas fonctionné ; soit parce qu'elles ont rencontré quelqu'un et veulent un enfant à 44-45 ans. Beaucoup tombent des nues lorsqu'elles découvrent que leur chance d'en concevoir un est de l'ordre de 1 %, qu'il faut donc recourir à un don d'ovocytes et que, en plus, elles doivent se rendre à l'étranger. En France, trois mille couples sont dans l'attente d'un don. Or la priorité est accordée aux plus jeunes et à celles qui se présentent avec une donneuse.

ELLE. Serait-on moins altruiste en France qu'ailleurs ?

René Frydman. Je ne crois pas. Toutes les donneuses ont une raison personnelle de le faire : elles ont une soeur ou une amie qui ne parvient pas à avoir d'enfant, elles connaissent un couple qui a pu en concevoir un grâce à un don. Les campagnes d'incitation au don ne fonctionnent pas, il faudrait aller au devant des femmes dans les centres de procréation médicalement assistée pour les sensibiliser et les accompagner car le traitement est lourd. On ne le fait pas.

ELLE. Depuis un an, les donneuses peuvent conserver une partie de leurs ovocytes pour leur propre usage. Qu'en pensez-vous ?

René Frydman. Le nombre de dons a effectivement légèrement augmenté. Mais ce donnant-donnant est scandaleux. Donner pour qu'une autre femme puisse avoir un enfant et préserver sa propre fertilité sont deux démarches différentes. Avec ce système, le nombre d'ovocytes ponctionnés est divisé par deux, personne n'y gagne. On devrait, en revanche, permettre aux femmes de conserver leurs ovocytes pour elles-mêmes, comme parade contre l'infertilité. Attention, ce n'est pas la panacée. On n'a pas un enfant à tous les coups - 60 % de chances si on a congelé avant 35 ans -, il faut que la réserve ovarienne permette de mettre de côté suffisamment d'ovocytes. Mais cela éviterait nombre d'échecs de FIV.

ELLE. Pourquoi n’est-ce pas autorisé en France ?

René Frydman. Je ne comprends pas pourquoi cela soulève une telle opposition : cette technique n’est pas délétère, elle n’implique pas l’exploitation d’un tiers, comme c’est le cas dans la Gestation pour autrui, et toutes les questions qu’elle soulève peuvent être encadrées : l’âge limite pour les implanter, par exemple. Les femmes pourraient très bien en payer une partie, puisque ce ne serait pas pour des raisons strictement médicales. Je pense d’ailleurs qu’il faudrait revoir la prise en charge totale des procédures de PMA par la sécurité sociale. Quand une femme a fait de nombreuses tentatives et qu’il ne reste que 3% de chances d’être enceinte, ne devrait-elle pas participer aux frais ? La prise en charge à 100% encourage l’idée d’un droit à l’enfant : puisque c’est remboursé, j’y ai droit. Cela mérite réflexion. Pour en revenir à l’autoconservation, depuis la contraception, l’avortement, la FIV, etc, on fait toujours face au même barrage : qu’une femme puisse décider de sa maternité, sans en être punie, continue de gêner. C’est la dernière étape vers l’autonomie procréative.

« POURQUOI L’ INFERTILITÉ, QUI CONCERNE 10 À 15% DES FEMMES EN ÂGE DE PROCRÉER, NE FERAIT-ELLE PAS L’OBJET DE PRÉVENTION ? »


ELLE. Le souci, c’est qu’avant 35 ans, on n’imagine pas que l’on aura du mal à concevoir. On est plutôt optimiste.

René Frydman. C’est pourquoi je préconise également de jouer sur la prévention : vers 32-33 ans, il faudrait informer toutes les femmes, par un courrier, de la baisse de la fertilité à partir de 35 ans, et encore plus après 37 ans. A elles ensuite d’en tirer les conclusions. Mais elles auraient la possibilité de faire un bilan pour savoir où elles en sont. On pourrait repérer des anomalies et commencer à les traiter. Car souvent à 37-38 ans, on perd un temps précieux, lorsqu’ après un an de relations sexuelles, rien ne se passe. Les femmes reçoivent déjà une lettre de la Sécu pour les informer de la nécessité de faire un contrôle mammaire pour le cancer du sein, de même pour le frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus à partir de 2018. Il s’agit de prévention classique. Pourquoi l’ infertilité, qui concerne 10 à 15% des femmes en âge de procréer, ne ferait-elle pas l’objet de prévention ?


ELLE. Vous demandez l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et homosexuelles. Pourquoi ?

René Frydman. Parce qu’elles ont le droit d’adopter, parce qu’elles ne restent pas célibataires toute leur vie, parce que de plus en plus de femmes élèvent leurs enfants seules… La question est plutôt : pourquoi on ne l’autorise pas ? Cela renvoie, je pense, à la question de l’anonymat du donneur. Ces femmes sont pour la plupart transparentes sur le mode de conception. Beaucoup choisissent le pays où elles font une insémination en fonction de la possibilité pour l’enfant de contacter le donneur, pour savoir ses antécédents génétiques ou ses motivations. On devrait permettre à l’enfant, à 18 ans, de demander à contacter le donneur ou la donneuse et ce dernier accepte ou non. Cela aurait le mérite de mettre le donneur à la bonne place dans son histoire.

ELLE. Vous dénoncez un autre blocage, celui de l’analyse génétique de l’embryon. En quoi aiderait-elle les femmes ?

René Frydman. 60 à 70% des embryons que l’on implante ne conduisent pas à des grossesses : soit à cause d’irrégularités génétiques graves, soit parce qu’ils ne sont pas viables. Ces anomalies rendent nombre de transferts inutiles. Si l’on pouvait analyser les chromosomes avant l’implantation, grâce au diagnostic pré-implantatoire comme c’est le cas en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, nous pourrions écarter les embryons présentant des anomalies pour garder ceux, s’il y en a, qui sont sains. Il ne s’agit pas d’y recourir pour tout le monde : mais pour des femmes de plus de 38 ans, qui ont fait plusieurs fausses-couches. Cela leur épargnerait des gestes invasifs, des complications, des échecs, des déceptions. Et permettrait de les accompagner vers le don d’ovocyte. Ou vers le renoncement à l’enfant.


UN LIVRE CHOC

Dans « Le Droit de choisir », deux cents médecins reconnaissent « avoir aidé, accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d'enfant dont la réalisation n'est pas possible en France ».


[ Il y a un extrait d'une interview de René Frydman par Wendy Bouchard sur Europe 1 à la fin de l'article mais je n'arrive pas à trouver le lien pour l'insérer directement ici ]


[ Retranscription de l'article en ligne ici ]
Moi IO, lui ok, essais depuis 2014
● Clinique Parly 2:
11/15 FIV ICSI1 : 1j2 - ► 01/16 FIV ICSI2 : 2 fofos, ponction annulée, pas d'IAC!
● Hôpital Foch:
11/16 FIV ICSI2bis : 2 fofos, ponction annulée, IAC - ► 03/17 FIV ICSI2ter : 3j2 - ► 09/17 FIV DO : 8j5, 2j5 frais - ► 12/17 TEV1 : 2j5 -
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