Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

[Lilith]

Bonjour et merci de m'accueillir parmi vous.

J'ai 29 ans, mon mari en a 32.
Nous vivons ensemble depuis presque 9 ans. Mariés en 2014. Arrêt de contraception en 2015.
Tout cela fait très mathématiques et impersonnel, désolée.

Nous savons que j'ai le syndrome des ovaires micro polykystiques depuis mes 21 ans (date de la pose de mon stérilet cuivre, car je ne supportais pas les pilules).
En 2016, une année après avoir émis nos premiers espoirs de concevoir naturellement, mon gygy m'envoie vers une spécialiste de la reproduction.
A mon syndrome s'ajoute des spermogrammes qui oscillent entre 98 et 99% de formes atypiques, ce qui nous effraie un peu, mais pas la Doc.

Depuis le mois de novembre 2016, j'ai eu 5 ovulations grâce aux stimulations (clomid ou Gonal F). Mais aucune grossesse n'a pris.
Elle ne veut pas nous "sur-médicaliser", nous sommes encore jeunes, et même si mes cycles sont interminables, je finis par ovuler, mon test de Hunher est bon. Les zozo, sont mobiles "Il en suffit d'un ! " (pfff)
Elle nous laisse encore 5 cycles avant de passer aux FIV. Mais pour cela, je dois encore perdre 10 kg (j'en ai perdu 16 depuis le commencement des stimulations).

Jusqu'à présent, les retours de tests négatifs étaient durs à encaisser, mais hier, c'était celui de trop. Ce n'est plus de la tristesse que j'ai ressenti, mais de la rage, un sentiment d'injustice fort.
"Qu'est-ce que j'ai fait de si mauvais dans ma vie pour qu'on refuse ce cadeau ?" Je sais, en y réfléchissant, que ce raisonnement est débile. Mais c'est ce que j'ai ressenti, et ne veux pas me mentir à moi-même.
Je me déteste lorsque je suis jalouse de mes proches qui nous annoncent des grossesses. Attention, je suis heureuse pour ces couples qui méritent comme tout le monde de fonder une famille. Mais à chaque fois, je vois dans leur regard la peur de nous l'annoncer, suivi de la pitié. Et enfin du bonheur.
J'en ai assez de cette pitié. Des "c'est dans la tête", "tu sais je connais une fille qui après plusieurs années...".

Bref, je ne perds pas espoir, on y croit, mais je suis un peu fatiguée. Et pourtant, nous n'en sommes qu'aux stimulations simples.

Je me suis inscrite ici pour lire des témoignages, recevoir un soutien de personnes qui comprennent vraiment à quel point nous nous sentons seuls et démunis.

Je suis désolée pour humeur "noire". Hier, ça a vraiment été le coup de couteau. Mon corps m'a fait ressentir TOUS les symptômes de la grossesse. Tous, sauf les nausées, faut pas exagérer. C'est vraiment un ******* ce corps ! :)

[Impatiente]

Bienvenue parmi nous Lilith.

Tout d'abord il ne faut pas culpabiliser, chaque grossesse de nos proches est un coup dur à encaisser. On est toutes passées par la. L'annonce de mon petit frère a été comme un coup de poignard.
Je suis aussi passée par le questionnement : pourquoi n'avons nous pas le droit à ce bonheur simple?

Si tu trouves que ta gygy ne va pas assez vite, as tu pensé à demander un 2e avis? Tu ovules avec Clomid et Gonal, c'est très bon signe. Mais les IAC ou les FIV permettent de trier les zozos.

Je t'envoie plein de courage

[Jullo]

Coucou Lilith.

Ne t’inquiète pas, tout ce que tu ressens est tout à fait normal. Et c’est très bien que tu viennes en parler ici. Tu ne seras jamais jugée. Tu auras le soutien et l’entraide de toutes ici. On vit la même chose. On se bat aussi.

Tu sais, j’ai vécu exactement les mêmes sentiments que toi.
Ce sentiment d'injustice, de notre vie que l’on ne maîtrise pas et de cette éventuelle « force » qui nous en veut et s’acharne sur nous en nous empêchant de toucher ce bonheur. Cette sorte de jalousie, de haine ou d’envie envers ceux qui annoncent leurs grossesses (proches ou moins proches).
J’ai vécu 9 annonces de grossesses et grossesses au boulot pendant toute ma fiv1 + ma cousine et ma belle-sœur. J’ai eu besoin de soutien et j’ai entamé un suivi avec une psychologue (que je vois toujours) qui m’a annoncé sa grossesse au bout de 2 mois de suivi... je te raconte pas. Et je me disais comme toi «  mais qu’est ce que j’ai fait pour mériter de souffrir comme ça et d’endurer ces épreuves ».
Je devenais malheureuse et aigrie de désespoir et honteuse de ressentir cela.

Et finalement, j’ai tenu bon. Tu sais on a des forces insoupçonnées en nous. Quand tu trébuches, ta moitié est là pour te soutenir. Et inversement. Et puis il ne faut rien lâcher.
Fais toi aider si tu en ressens le besoin. Viens en parler ici. Ça fait beaucoup de bien.

Et la roue finit par tourner.

[Lilith]

Bonjour à vous.

Merci les filles de votre soutien et de votre compréhension.
Je suis en vacances, et donc j'ai BEAUCOUP de temps pour trop réfléchir et finir par ne voir que le négatif. Heureusement, j'adore mon boulot et j'ai hâte de revoir mes élèves qui eux au moins sont à 10 millions de km de me poser les questions qui fâchent =p

Et puis tu as raison Jullo. Mon homme est extraordinaire. Ce n'est pas facile pour lui non plus. La douleur des hommes est encore plus sournoise parce que nous au moins, on a des copines pour en parler, qui ont des enfants, et qui peuvent comprendre au moins un peu ce qui nous manque tant. Les hommes sont moins dans l'épanchement.
Il n'en parle qu'à moi. Il n'y a que sa sœur et sa mère qui se rendent compte de sa tristesse enfouie et même à elles, il n'en touche pas un mot.
Il est vraiment mignon. Alors que j'ai appris à ne même plus faire de cas des injections, je fais ça machinalement, il est toujours avec moi et on dirait que c'est lui que je pique !


Impatiente, pour te répondre, je suis moi-même un peu perdue.
Oui, j'ai l'impression que c'est lent, que de toute façon, si ça devait avoir pris, ça aurait pris depuis longtemps. Et vu que le spermogramme n'est quand même pas terrible, j'aimerais aussi qu'on passe au moins aux inséminations pour les 5 derniers cycles.
Le problème, c'est que la clinique où nous sommes suivis a remis ses protocoles à jour avec les nouvelles normes. Il semblerait que le spermogramme ne doit pas être plus "mauvais" que 96% pour être éligibles aux insémination. Or nous on est entre 98 et 99% d'atypiques.
Ce qui voudrait dire que ce serait directement la FIV. Et là, je dois absolument perdre ces 10 derniers kg qui s'accrochent

C'est pour cela que la doc veut que mon mari refasse un 4ème spermo, en espérant qu'on soit dans le clous ce coup-ci. Sinon, c'est 5 cycles de plus sous gonal f.

Mais la bonne nouvelle du jour, c'est que mes ragnagnas sont enfin de retour, ça veut dire qu'on peut entamer un nouveau cycle. Mine de rien, j'attendais ça depuis mon dernier test . Au moins là, j'ai l'impression de faire quelque chose d'utile et de pouvoir reprendre espoir.