Article dans Libération du 24 janvier : "Fertilité, j'écris ton nom"

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Article dans Libération du 24 janvier : "Fertilité, j'écris ton nom"

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Fertilité, j'écris ton nom
Par Catherine Mallaval — 24 janvier 2017

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Le professeur René Frydman dans son bureau de l'hôpital Antoine Beclère de Clamart, en novembre 2011. Photo Fred Dufour. AFP

Le professeur René Frydman et le collectif de patients Bamp veulent profiter de la présidentielle pour faire avancer les questions autour de la procréation médicalement assistée.

Côte à côte, dans un même élan, ils ont sorti leur étendard pour alerter, interpeller en ces temps électoraux, sur un sujet souvent remisé au second plan: la fertilité. Un vain combat? Pas quand on saura qu’aujourd’hui 15% des Français en âge de procréer viennent consulter pour des difficultés à concevoir. Et qu’en 2014, 3,1% des enfants sont nés grâce à la médecine procréative, un pourcentage qui inexorablement monte, monte.
D’un côté donc, un collectif au nom qui claque: Bamp. L’association créée en 2013 qui regroupe de patients et ex patients, personnes infertiles, stériles publie un manifeste avec 48 propositions pour améliorer la prise en charge de l’infertilité et plus globalement celle de la procréation médicalement assistée (PMA). La pétition a franchi lundi le cap des 1000 signataires.

De l’autre côté, René Frydman, médecin qui a largement contribué – entre autres – à la naissance du premier bébé-éprouvette français Amandine née en 1982, et entend désormais jouer le rôle de «lanceur d’alerte en blouse blanche» à travers un ouvrage intitulé Le Droit de choisir, manifeste des médecins et biologistes de la procréation médicale assistée (Seuil). Au menu une centaine de pages dans lesquelles il développe un appel-coup de poing publié l’an passé dans le Monde et signé par 200 spécialistes de la PMA. Dans ce manifeste, ces hommes et ces femmes reconnaissaient notamment avoir aidé des couples de femmes et des femmes célibataires dans leur projet d’enfant, quand la France s’entête à leur barrer la route de l’accès au don de sperme (1).

«De nouveaux enjeux»
Dans ce nouvel ouvrage Frydman, qui refuse de jouer les «procureurs des familles», persiste. Rappelle que l’ouverture à toutes les femmes quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur conjugalité, faisait partie des promesses – non tenues – du candidat Hollande lors de la présidentielle de 2012. Convaincu que «nous faisons désormais face à de nouveaux enjeux médicaux et sociétaux», le voilà prêt à porter la question sur le devant de la scène, maintenant: «Une campagne présidentielle est un moment idéal pour cela.» Chez Bamp, on appelle aussi à un débat «sur le recours et l’accès au don de gamètes et à la PMA au-delà des couples hétérosexuels» et aussi à se pencher sur la gestation pour autrui (et les greffes d’utérus). Voilà pour l’infertilité dite sociale.

Mais quid de l’infertilité dite purement médicale, qui inquiète de plus en plus dans les milieux spécialisés? D’une voix unie, le collectif et la blouse blanche militent pour que les recherches sur les conséquences de la dégradation de l’environnement et les pollutions sur la fertilité s’intensifient. Et soient prises en compte. Bamp rappelle ainsi qu’en 2015, dix-huit chercheurs européens et américains avaient montré que «l’exposition aux phtalates provoque l’infertilité masculine et une baisse de testostérone». «La protection des gamètes par rapport à la dégradation de l’environnement est devenue un thème majeur pour nous», explique Virginie Rio, de Bamp.
Encourager le don de gamètes
Autre revendication commune: encourager les dons de gamètes, et particulièrement d’ovocytes (501 femmes ont fait un don en 2014, quand dans le même temps plus 3.000 couples étaient en attente d’un don). Oui, il faut encourager, en parler. Et poser aussi la question de l’indemnisation des donneuses, avance le Pr Frydman qui rappelle qu’un don d’ovocytes, même fait en toute générosité, exige quinze jours de traitement préalable, des prises de sang, une anesthésie etc. Dans la foulée, les deux militants d’une fertilité correctement prise en charge demandent que les femmes puissent stocker leurs ovocytes (après vitrification) et déjouer (en partie) leur horloge biologique.

De la convenance? Pff. Frydman réfute ce terme d’emblée dépréciateur pour développer un discours de pragmatisme: oui, elles se lancent de plus en plus tard dans des projets d’enfants, oui, la fertilité baisse dès l’âge de 35 ans, alors augmentons «leur espace de liberté». En outre, cela permettra «à l’Assurance maladie d’éviter des dépenses futures», ajoute finaud le médecin. Et ce n’est pas Bamp qui le contredira, en pointe aussi sur ces questions d’autoconservation de gamètes. Alors, qu’est-ce qu’on attend? lancent ces défenseurs de la prévention.

Qu’est-ce qu’on attend aussi pour revoir le cadre très restrictif du diagnostic pré-implantatoire (DPI) afin de «réduire les accumulations d’échecs» lors des tentatives de fécondation in vitro, clame Bamp. Concrètement? Frydman: «En France, le diagnostic pré-implantatoire [de l’embryon que l’on va transférer dans le ventre de la femme, ndlr] est réservé aux couples qui risquent de transmettre à leur enfant une maladie d’une particulière gravité.» Or, explique le lanceur d’alerte, «aujourd’hui, 60 à 70% des embryons que l’on implante ne vont pas donner de bébés, soit à cause d’irrégularités génétiques graves soit parce qu’ils sont non viables sur un plan métabolique. Ces fréquentes anomalies rendent nombre de transferts et de congélations embryonnaires inutiles. Cela multiplie les prises en charge coûteuses et sans aucun bénéfice».

En finir avec «la frilosité»
Un diagnostic pré-implantatoire (autorisé dans de nombreux pays limitrophes) permettrait d’éviter ces échecs et déceptions, assurent Bamp et Frydman qui invite à cesser à en finir avec la «frilosité française» et le «bain de fantasmes». Non, lors d'un DPI, il ne s’agit pas de sélectionner des bébés aux yeux bleus (un caractère secondaire). Oui, il est question d’en finir avec l’hypocrisie de notre loi qui autorise, après quelques semaines de grossesse une prise sang permettant, notamment, de dépister la trisomie 21…

A quand le changement? A quand une France à nouveau défricheuse dans le domaine de la PMA comme elle fut quand Amandine vit le jour? Le collectif et le médecin s’impatientent. Et demandent d’ores et déjà qu’un grand «plan contre l’infertilité» soit lancé comme il y en a eu un contre le cancer et Alzheimer.

(1) En juin 2014, Libération aussi avait tenté de faire avancer le dossier en publiant un Manifeste de 343 fraudeuses ayant eu recours à une PMA (signé par plus de 400 homosexuelles et célibataires).

[ Retranscription de l'article en ligne ici ]
Association de patients de l'AMP et de personnes infertiles
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